Nicolas Sarkosy ne cesse de le répéter :" Les français veulent travailler plus pour gagner plus." Le président se trompe peut-être d'époque. Ailleurs, en Suède, en Nouvelle Zélande, au Royaume-Uni, nombreux sont ceux qui ont pris un chemin tout autre. En réduisant leur temps de travaille, en tournant le dos à l'hyperconsommation, en choisissant le partage et l'entraide, en protégeant l'environnement. On les appelle les adeptes de la simplicité volontaire. Et 2008, avec ou sans récession, pourrait voir leurs idées se diffuser.
Les adeptes de la décroissance (downshifters ou downsizers) vivent dans les grandes villes comme dans les petites, mais aussi à la campagne. Ils traversent les générations et les professions mais la plupart appartiennent aux classes moyennes ou supérieures. Ils parlent de liberté, de redécouverte des plaisirs simples, de bien être, d'harmonie. Ils savent que moins peut être plus. Peut-être certains sont-ils vos voisins. D'ailleurs avec la hausse des prix de l'alimentation, le poids de l'énergie dans les budgets et le spectre toujours présent d'un effondrement du marché de l'immobilier , tout le monde pourrait bientôt avoir à s'efforcer de vivre mieux avec moins.
Dans le livre Affluenza (terme désignant le "complexe d'opulence), Clive Hamilton, directeur de l'Australian Institute, un groupe de réflexion plutôt de gauche, définit ainsi les adeptes de la décroissance: ce sont "des individus qui procèdent à un changement volontaire et à long terme de leur mode de vie, passant par des revenus sensiblement moins élevés et par une baisse de leur consommation", et qui aspirent à mener une vie plus épanouissante, ayant plus de sens. Libérés du joug de la routine capitaliste, ils travaillent moins et dépensent moins, et le font de façon plus constructive.
L'ouvrage Affluenza est ne dissection accablante de la perversion des valeurs de l'hyperconsommation. Les adeptes de la simplicité volontaire, assurent les auteurs forment une force sociale puissante mais très méconnue, en butte à la culture de la consommation frénétique. Selon une étude de 2002 citée dans l'ouvrage, 23% des adultes australiens ont décéléré d'une facon ou d'une autre au cours des dix dernières années précédentes. Et Clive Hamilton estime que ce chiffre est en progression.
Souvent. le choix de lever le pied part de considération pratiques, mais le réexamen critique qu'il entraîne conduit à une prise de conscience écologique. Ce fut le cas pour Bevan Woodward et son épouse Gera. Quand ils se sont rencontrés, ils étaient tout deux en train de revoir leur façon de vivre pour être en phase avec leur nouvelles valeurs. Bevan a quitté son emploi de directeur commercial il y a dix ans après s'être rendu compte qu'il était profondément malheureux et qu'une Harley Davidson ou une énième chemise à 300 $ n'y changerait rien. Gera, qui gagnait autrefois jusqu'a 100.000$ par an dans le marketing, a vu ses valeurs changer après la naissance de son fils Jerome. Elle travaille aujourd'hui pour Plunket, une société néo-zélandaise de soins de santé pour les enfants. Bevan de son côté est devenu fou de vélo. Il dirige désormais un groupe de défense des intérêts des cyclistes et mène des actions de sensibilisation pour des organisme écologistes et sociaux, pour un salaire bien loin de ce qu'il gagnait auparavant. Le couple projette par ailleurs de s'installer dans un écovillage.
Le bien être, que ce soit au sens moral ou en tant que plaisir, voilà ce qui a conduit Niki Harre et son mari, Keith Thomas, à la décroissance dans leur vie de famille. Keith, qui travaillait comme artiste, s'est lancé dans la plantation, l'entretien de potagers
et de vergers dans la région de Auckland. Niki, qui est la soeur de la femme politique aujourd'hui retirée Leila Harre, est psychologue à l'université d'Auckland. Tous deux tiennent compte des répercussions sociales et écologiques de tout ce qu'ils consomment, et cela se traduit par une décroissance progressive. "il suffit de lire un article sur les mefaits des verres en plastique et vous ne pouvez plus vous en servir, explique Keith Thomas. Cela finit par faire partie de qui vous êtes.". Niki précise: "Bien sûr, on fait des entorses, mais on les regrette. Cela nous est désagréable".
Leur but? Redonner un sens au "vivre ensemble"
Avoir un comportement respectueux de l'environnement n'est ni difficile ni pénible, assurent-ils. "A certains égards c'est plus compliqué du point de vue pratique, il faut évaluer tout ce qu'on fait, reconnaît Niki Harre. Mais ce mode de vie a ceci de beaucoup plus simple que vous vous appuyez sur un cadre solide pour déterminer tout ce que vous faites. Cela clarifie tout."
En 1981 Duane Elgin créa l'expression "simplicité volontaire" pour définir la démarche des individus voulant vivre mieux avec moins consommer de facon responsable et faire l'examen de leur vie pour déterminer ce qui est important et ce qui ne l'est pas. Loin d'être un renoncement au matérialisme , une vision romantique de la pauvreté ou même une privation auto-infligée , la philosophie de la simplicité volontaire consiste à vivre selon ses moyens et ses valeurs. Et cette volonté de simplicité, assurent ses partisans, commence à se manifester dans la culture populaire: en témoignent la mode architecturale des lignes modernes claires ou ces "consultants" que l'on paie pour venir désencombrer sa maison. On note également que les jeunes gens d'une vingtaine d'année appliquent à la simplicité volontaire avant même d'entrés en surchauffe. Michelle Boag, qui dirige PR people. une agence qui recrute des chargés de relations publiques, est étonnée par le nombre de personnes ayant la vingtaine ou la trentaine qui refusent de trimer pour monter sans la hiérarchie, cherchant plutôt un bon salaire pour 30 heures de travail hebdomadaire.
Niki Hare et Keith Thomas on intensifié progressivement leurs pratiques écologiques: consommation d'oeufs de poules élevées en plein air, passage de deux voitures à une seule, véo pour aller au travail, résistance à la tentation de tout faire rénover.
Derrière la maison, le potager de Keith est verdoyant. "On a l'air plutôt barrés, mais en fait on est tout a fait normaux", plaisante Niki. Les deux plus jeunes enfants de Niki et Keith vont à l'école à vélo ; tous deux ont été renversés par des voitures sortant d'une allée, mais ils s'en sont sortis avec quelques égratignures. La plupart du temps, Niki parcourt elle aussi à bicyclette les 6 kilomètres qui la séparent de son lieu de travail, en ville. La famille est membre du SALT, sigle de Slower And Less Trafic, une association de quartier qui compte plus de 200 membres. Leur but? Redonner un sens au "vivre ensemble" tout en améliorant la sécurité dans la rue,. Niki HArret et Keith Thomas se refusent par ailleurs de conduire leurs enfants à l'autre bout de la région pour leurs activités extra-scolaires, comme ce voisin qui a fait 55 kilomètres en voiture pour amener son fils de 11 ans à son match de rugby.
Extraits The New Zealand Herald
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